En 1128, un décret du pape Honorius II au sujet d'un pèlerinage datant de 983 mentionne "Vontinga" pour la première fois. La finale -inga (-ange, -ingen, -éng) est certainement d'origine franque, alors que la première syllabe signifierait marécage ou encore, désignerait le nom du propriétaire. Toutefois, des découvertes archéologiques témoignent déjà d'une occupation à l'époque gallo-romaine.

Au XIIe ou au XIIIe siècle, la cour de Fentange, comprenant Fentange, une partie d'Alzingen, ainsi que des voueries à Hesperange, Weiler et Roeser, fut acquise par les seigneurs de Rodemack, qui tenaient leur fief de Hesperange des comtes de Luxembourg. Vers 1300, la cour passa à la branche cadette de Rodemack-Milberg. Cette dernière avait obtenu la seigneurie de Mersch par mariage, et Fentange subit les effets des partages successoraux de la seigneurie pour échoir au XVIIe siècle aux seigneurs de Larochette et d'Autel, puis, au début du XVIIIe siècle, à la famille Mohr de Waldt.

Une partie de la cour de Fentange appartenait à l'abbaye de Saint-Vanne, près de Verdun. Le duc Godefroy de Basse-Lotharingie en aurait fait donation au couvent, avant 1029. Vers 1125 la "Vogtei" des territoires de Saint-Vanne se trouve entre les mains des ducs de Luxembourg et en 1241, la comtesse Ermesinde prit les terres abbatiales sous sa protection. Elle reçut comme dédommagement une prairie nommée dorénavant "Kinneksbrill". En 1592, l'abbaye vendit Fentange au comte Pierre-Ernest de Mansfeld, dont les héritiers firent cadeau à la Congrégation Notre-Dame de Luxembourg. Le droit de présenter le prêtre desservant avait été cédé en 1616 aux Dominicains de Luxembourg.

Le premier saint protecteur de l'église de Fentange fut la Sainte Vierge et puis, vers 1600, l'évangéliste Saint Luc. L'ancienne église subit plusieurs transformations: le clocher coiffant jadis le toit de l'église fut remplacé en 1892, le choeur en 1922-23 et la vieille nef fut démolie et remplacée par l'édifice actuel en 1933-34.

Au XVIIe siècle, Fentange traversa de dures épreuves. La guerre de Trente Ans (1618-1648) décima la population: le nombre de feux tomba de douze à six. En 1684, lors de la prise de Luxembourg par les troupes de Louis XIV, les habitants furent évacués dans la prévôté de Thionville. Au début du XIXe siècle, l'administration française créa le canton de Hesperange et elle engloba Fentange dans la nouvelle commune d'Alzingen, laquelle, en 1823, fut intégrée dans la commune de Hesperange.

Peu à peu le pays fut industrialisé et Fentange perdit son caractère proprement rural. La construction d'une voie ferrée de Luxembourg à Thionville en 1859 dota Fentange d'une gare qui servit jusqu'en 1877. Après 1850, l'extension des zones à bâtir et l'aménagement des voies de communication entraîna une croissance rapide de la population: de 136 habitants en 1802, le nombre passa à 366 en 1960, puis à 1200 à la fin des années 1980.

Aujourd'hui, la localité compte quelque six cents maisons d'habitation. Il est vrai que le nombre d'exploitations agricoles a diminué: notre village a perdu son aspect traditionnel. Toutefois, la rénovation de l'ancienne école à des fins d'utilisation par des sociétés locales, les projets d'aménagement récents avec des lotissements d'une certaine envergure comme la "Sterz", attestent le dynamisme d'une localité en pleine expansion.

 

Roland Schumacher
Geschichtsfrënn vun der Gemeng